Le business plan, ça ne sert à rien !On lui fait dire ce qu’on veut, on met les chiffres que ça nous arrange…
Si je le fais, c’est pour faire plaisir au banquier…Stop ! Je t’arrête tout de suite.
J’entends ces plaintes régulièrement.
Bon, j’avoue, un business plan, c’est le document le moins sexy du monde.
A la base, ce sont des pages et des pages de texte, de graphiques en tout genre et des tableaux financiers.
Pourquoi fais-tu un business plan ?
- Parce-que ta banque le demande.
- Parce-que les organismes de financement le demandent.
- Parce-que c’est indispensable pour certaines aides et subventions.
Bref, tout le monde réclame le business plan qui te stresse jour et nuit !
Pour être honnête, c’est pas moi qui m’occupe du business plan des clients. C’est mon mari. Heureusement pour moi 🙂
On en a vu des tonnes. Sous toutes les formes et couleurs. Et pourtant, on reste encore étonnés de la diversité qu’on reçoit. Je pourrais créer une typologie de styles. Oui, oui, je t’assure.
- Tu as le business plan façon comptabilité qui ne prend en compte que les coûts et qui calcule un chiffre d’affaire qui sort de nulle part et qui n’est relié à aucune donnée marché. C’est juste un calcul mathématique et comptable. Un BP qui fait sérieux sur papier mais qui ne trompera aucun vrai investisseur. Portée nulle.
- Tu as le business plan façon start-up qui fait gonfler tous les chiffres afin de recevoir 6 millions d’euros pour créer la plus grosse franchise jamais vue et qui tente de persuader la terre entière qu’en un an, tu auras créé 10 boutiques.
- Tu as le business plan façon bouddha déprimé où jamais le business n’est rentable et qui ne voit aucune croissance. C’est la frugalité jusqu’au bout. Mais qui va prêter de l’argent à un entrepreneur sans ambition et sans vision ?
- Tu as le business plan pro qui prendra en compte toutes les hypothèses et qui tentera d’être le plus proche de la réalité et de la vision du concept.
Je te propose de parler de ce dernier type. Celui qui ne sert pas qu’à en mettre plein la vue ou qu’à plaire aux autres.
Car un vrai business plan, c’est avant tout:
- Pour toi. Pour réellement connaître le potentiel de ton affaire. Pour dessiner tes objectifs. Connaître la dimension et les limites de ton investissement.
- Pour les bons banquiers et les bons investisseurs. Ceux qui prennent en compte ta vision, tes compétences, ton professionalisme, le marché, le travail que tu fais sur ton marketing et ton concept. Ceux qui sauront vraiment t’accompagner dans ton projet.
Un bon business plan, c’est évolutif et ça comprend:
- Ta vision du restaurant.
- Ton profil et ta raison d’être.
- L’étude de marché: tendances, zone de chalandise.
- L’analyse de la compétition.
- Analyse du fonds de commerce, du bail et de l’emplacement.
- La présentation de ton concept: la marque, le concept design, la gamme produits (le menu), le pricing, le design d’espace.
- Présentation de tes KSP qui impactera ta gestion d’entreprise: Key Selling Points. Le goût ? La rapidité ? Le prix ? L’emplacement ?
- Le business model: comment vas-tu gagner de l’argent ?
- Le choix du statut de la société.
- Ta stratégie marketing: branding, packaging, marque et produits.
- Ta stratégie de communication
- Ta stratégie d’acquisition de clients, de trafic.
- Ta stratégie de distribution/livraison: click&collect, plateformes Ubereats&co ?
- Ta stratégie de fournisseurs et de gestion d’entreprise.
- Ta stratégie de financement
- Ta stratégie de développement
Si tu fais cette partie rédactionnelle bien, si tu la rends sexy et visuelle, tu sauras attirer les bons financiers.
Contrairement à ce que l’on croit, un bon BP est celui dont le projet prime sur les chiffres.
Celui dont la puissance de la vision primera sur les chiffres.
Une fois cette partie bien élaborée et le plus sincèrement possible avec une vraie analyse de ses forces et faiblesses (SWOT analysis).
Tu te lances dans les tableaux prévisionnels sur 3 ans pour un restaurant et sur 5 ans pour la création et le développement d’une chaîne.Les chiffres doivent être reliés aux différentes stratégies.
Ils sont intimement liés.
Par exemple:
- Chaque budget de communication doit être suivie par une génération ou une croissance de CA proportionnelle.
- L’analyse du fonds de commerce, de la zone de chalandise et du flux de passage doit apporter un prévisionnel plus réaliste des ventes quotidiennes.
Quelles sont les principales erreurs que nous observons ?
- Absence de pitch (présentation de ton concept en 2-3 phrases) qui va expliquer en quelques mots ton concept: pourquoi est-il spécial ?
- Une hypothèse de travail unique au lieu des 3 hypothèses indispensables: petite, moyenne, haute.
- Manque de structuration.
- Déséquilibre entre les différentes parties du BP.
- Manque de visuels: la technique du Do&Show.
- Trop de texte. Personne ne le lira pas. Passe à la version « présentation », plus visuelle.
- Pas d’études de marché chiffrées. Trop de blabla de tendances générales.
- Pas de vraie analyse terrain: as-tu compté le nombre de passages devant le local à différentes heures ? As-tu fait un mapping du quartier pour analyser la compétition ?
- Des prévisionnels non détaillés, non reliés à l’offre produit.
- Pas de mix produits dans les prévisionnels.
- Pas d’évolution du CA.
- Des prévisionnels sur un an seulement.
- Manque du fonds de roulement.
- Manque de trésorerie.
- Absence totale de budget marketing et communication (alors comment justifier un CA croissant)
- Des erreurs sur le calcul de la marge brute (car pas de fiche technique calculée au juste prix)
- Manque de détails: as-tu pensé à intégrer les commissions bancaires, les chèques restaurants, les commissions des plateformes de livraison (oups ça fait mal 30% au démarrage)
- Mauvaise évaluation du stock initial.
- Coûts d’abonnements: internet, machine à café, caisse enregistreuse, menu digital, click&collect etc…
- Un surinvestissement sur du matériel inutile…
- Mélanger le prêt total avec le prêt des équipements.
Bref, la liste est encore plus longue.
Ce n’est pas parce-qu’on a la chance d’être en France et d’avoir des accompagnements payés par l’état que ces organismes sont compétents.
La plupart n’y connaisse rien en restauration.
Si tu te fais accompagner, assure-toi que ces personnes aient une vraie expérience.
Perso, la seule bonne expérience que nous avions eu, c’était avec un cabinet d’experts comptables qui possèdait un gros portefeuille de clients dans la restauration et qui connaissaient les vraies métrics et les détails qui feront que ton restaurant soit rentable ou non.
Mais sinon, les organismes pseudo-gratuits élaborent ton BP de la même manière que celui d’un salon de coiffure ou d’une start-up. Pour eux, c’est un template de base qu’ils remplissent comme ils peuvent.
Mais au bout du compte, c’est ton business.C’est toi qui es responsable de tes pertes et profits.Ce sera toi qui sera responsable de ton échec ou de ton succès.Pas eux.
Alors ne laisse aucun organisme te laisser croire qu’un tableau vite fait en une heure est OK car il te dit que c’est OK.C’est toi qui essuiera des refus chez le banquier (ça c’est le meilleur des cas).Ou c’est toi qui devra fermer ta boîte si ton BP initial t’a fait croire que tout allait bien alors que tu croules sous les dettes pour mauvais calcul de tous ces petits détails qui te dévorent ton quotidien.Il vaut mieux se prendre la tête au début du projet pour anticiper les coûts et investir là où ça vaut la peine, que de se retrouver sans solution.
Non, un business plan, ce n’est pas juste de la masturbation intellectuelle si tu le fais avec la plus grand honnêteté et intégrité intellectuelle.
Un bon business plan continue de vivre après l’ouverture du restaurant.
Il se doit d’être révisé et réajusté selon la réalité de ton affaire et selon des changements importants dans le développement de ton entreprise.
Alors, fais-le bien car le duo [CONCEPT BP] est la clé pour un bon démarrage.
Dis mois dans le groupe privé FB si tu es d’accord avec moi.
Dis-moi si je t’ai convaincu qu’il est crucial de bien élaborer en détails ton BP.
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